Concepts fondamentaux de la FAD

En se basant sur les travaux de Keegan (1996) et Holmberg (2003) ainsi que sur les définitions d’autres théoriciens dans le domaine, on peut retenir cinq concepts fondamentaux de la FAD :

  • la séparation du formateur et de l’apprenant;
  • le rôle de l’établissement d’enseignement;
  • les médias;
  • la communication bidirectionnelle;
  • la séparation entre l’apprenant et son groupe de pairs.

La séparation du formateur et de l’apprenant

La séparation du formateur et de l’apprenant, soit la distance géographique, constitue le premier caractère distinctif de la FAD (Henri et Kaye, 1985). Toutefois, cette notion de distance physique ne suffit pas à elle seule à circonscrire les problématiques inhérentes à la FAD (Bouchard, 2000). En ce sens, Rumble (1993) souligne que l’apprenant en FAD n’est pas seulement éloigné physiquement de ses formateurs, il l’est aussi de son institution et de son administration.

Dans le même ordre d’idées, Henri et Kaye (1985) soutiennent que la FAD ne s’attaque pas uniquement au problème de la distance géographique. Il existe d’autres types d’éloignement qu’elle peut contrer, tels que la distance de nature psychologique (Henri et Kaye, 1985), environnementale (Dalceggio, 1990) et technologique (Faille, 1999), ainsi que la distance pédagogique causée par l’accès limité aux ressources éducatives et par la difficulté pour l’apprenant d’exercer une influence directe sur le déroulement de son expérience éducative (Bouchard, 2000). Pour combler ces lacunes, les systèmes de FAD doivent aider et inciter l’apprenant à se créer un environnement d’apprentissage et à exploiter les ressources que lui offre son milieu (Henri et Kaye, 1985).

Le rôle de l’établissement d’enseignement

Le rôle de l’établissement d’enseignement est très important en FAD. En effet, l’établissement d’enseignement assume une place prépondérante au cœur de l’acte pédagogique (Henri et Kaye, 1985) et administratif (Rumble, 1993). L’établissement de FAD influence la planification et la préparation des matériels d’apprentissage ainsi que le service de soutien (Keegan, 1996; Holmberg, 2003). Il détient généralement tous les droits sur la diffusion des cours (Henri et Kaye, 1985) et sur les accréditations universitaires accordées pour activités à distance (Bouchard, 2000).

L’établissement de FAD a pour mission de gérer les tâches administratives (Rumble, 1993) et les événements d’apprentissage (Paquette, 2002). Il décide des politiques d’admission, choisit les modalités d’encadrement pour ses cours, statue sur les règles d’évaluation et de notation du travail et assure le suivi étroit des dossiers d’étudiants (Henri et Kaye 1985).

Bien que l’animation de chaque cours soit assurée par un formateur, les concepteurs du contenu demeurent anonymes aux yeux de l’apprenant. Les concepteurs travaillent en quelque sorte dans l’ombre, et une fois la conception de leurs cours terminée, c’est l’établissement qui normalement en acquiert la propriété matérielle et intellectuelle et qui en devient le diffuseur. Le concepteur du matériel didactique n’intervient presque jamais au moment de la diffusion. La relation enseignant-enseigné telle qu’elle est définie de façon traditionnelle est profondément changée (Henri et Kaye, 1985).

Les médias

Les médias occupent une place très importante en FAD. La FAD est, selon Peraya (2000), une forme d’enseignement en différé à travers la médiation de supports de communication. Les contenus d’enseignement, les exercices, les consignes de travail, les devoirs, les examens, etc., ne peuvent être transmis à l’apprenant que par la voie des médias, généralement par l’intermédiaire des TIC.

En effet, les moyens de communication et de diffusion ont occupé un rôle central dans ce mode de formation. En ce sens, Rumble (1993) souligne qu’il est important d’utiliser les médias qui sont accessibles tant par le formateur que par l’apprenant, car chaque médium a ses avantages et ses limites. Il est inutile d’utiliser des médias sophistiqués auxquels la majorité des usagers ne peut accéder.

La communication bidirectionnelle

La communication bidirectionnelle est essentielle dans un dispositif de FAD (Keegan, 1996) afin de pallier l’absence physique du formateur et du groupe (Bouchard, 2000). Il est important également que l’apprenant puisse y profiter du dialogue avec l’établissement qui fournit les matériels d’apprentissage pour toutes questions relatives à son apprentissage.

La FAD exige une participation active de la part de l’apprenant. Le dispositif mis en place doit permettre la communication bidirectionnelle entre le formateur et l’apprenant et entre les apprenants eux-mêmes. Les outils de communication synchrone ou asynchrone tels que le téléphone, le courriel, le clavardage, etc., s’avèrent des moyens efficaces pour stimuler l’apprentissage et surtout pour répondre aux besoins particuliers de chaque apprenant (Henri et Kaye, 1985) ainsi que pour fournir des rétroactions rapides.

La séparation entre l’apprenant et son groupe de pairs

La séparation entre l’apprenant et son groupe de pairs est une autre caractéristique de la FAD. L’apprenant y est éloigné physiquement et de manière quasi permanente du groupe tout au long du processus d’apprentissage (Keegan, 1996; Holmberg, 1989). L’apprenant est acteur principal de son parcours d’apprentissage (Paquette, 2002).

Toutefois, dépendamment de la structure du programme, la possibilité de rencontres en mode virtuel ou en mode présentiel peut être créée (Keegan, 1996). Ces rencontres sont qualifiées par Henri et Kaye (1985) de moyens privilégiés pour maintenir la motivation. Elles permettent à l’apprenant de socialiser, d’échanger des informations sur le contenu du cours ou de discuter de son problème d’apprentissage. Dans cette situation, le formateur joue un rôle de facilitateur et d’aide à l’apprentissage. Les rencontres peuvent être organisées sous forme d’atelier où l’apprenant réalise certains travaux prescrits dans le cours.

Extrait de Kim, S. (2008). Étude des représentations du personnel enseignant à l’égard de ses pratiques d’ordre technologique et pédagogique actuelles et de celles qui pourraient favoriser la mise en œuvre d’un dispositif de formation à distance à l’Institut de Technologie du Cambodge, thèse de doctorat en éducation, Université de Sherbrooke, Québec. [p. 9-12].